Webzine Le Net Blues
Festival
International de Jazz de Montréal
Un budget de 31 millions comblé par une
31e édition spectaculaire !
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La 31e édition du Festival International
de Jazz de Montréal s’est avéré des plus fructueuses
avec ses quelques 800 représentations, étalées sur
une période de douze jours. Bénéficiant d’un
budget de 31 millions grâce à l’appui financier du privé
et des gouvernements, les organisateurs avaient prévu une impressionnante
programmation. Les profits récoltés s’élèvent
à 4,25 millions de dollars, et ce, uniquement avec la vente de billets
pour les spectacles en salle. Des millions de visiteurs ont assisté
à ce plus grand festival de jazz au monde présenté
dans le nouveau quartier des spectacles.
"We’re Gonna Rock This Town" : le grand
événement d’ouverture
Les organisateurs avaient misé juste en
demandant au Brian Setzer Orchestra de briser la glace. Le spectacle
s’intitulait judicieusement "We’re Gonna Rock This Town" et ce fut le cas.
Comme moi, des dizaines de milliers d’internautes ont assisté virtuellement
à ce spectacle d’ouverture, diffusé en direct sur le www.tdlivemusic.com,
un site de la Banque TD, principal commanditaire du festival. D’ailleurs,
il est encore possible à l’heure actuelle de visionner gratuitement
le spectacle de deux heures. Ça vaut le coup ! |
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Brian Setzer
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Cindy Lauper
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C’est une véritable marée humaine
qui déferlait à l’angle des rues Sainte-Catherine et Jeanne-Mance.
Les spectateurs se sont délectés des succès de Setzer,
en formule big band avec dix-huit musiciens, dont treize cuivres, mais
aussi en trio. Ce qui nous permis de constater la virtuosité
du batteur et du contrebassiste, qui ma foi, était assez intense.
Avec les "Rock This Town", "Brand New Cadillac", "Runaway Boys", "Summertime
Blues", "Stray Cat Strut", le boogie, le swing et le jive… tout y était
pour offrir le meilleur du rockabilly. Même en le regardant
sur Internet, il n’est pas difficile d’imaginer l’ambiance et le sentiment
d’euphorie qui régnait sur Montréal ce soir-là
Le blues au FIJM
Cette année, le blues était plus
présent que jamais au FIJM. Notamment grâce au lancement
de l’album "Nos stars chantent le blues à Montréal", réalisé
par Paul Deslauriers et dont les profits allaient directement au financement
du Camp de Blues.
« Nous avons voulu par ce disque,
à l'instar de celui qui célébrait le jazz à
Montréal l'an dernier, créer une rencontre entre plusieurs
stars québécoises et le blues. Il y a ceux qui causent
la surprise, ceux qui s'y glissent tout naturellement ainsi que ceux qui,
en français, ont donné à notre culture ses plus beaux
moments blues sur disque » affirme le vice-président et directeur
artistique, André Ménard, et Jacques-André Dupont,
vice-président associé, marketing et développement
des affaires chez Spectra. |
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Taj Mahal
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Taj Mahal
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Fabulous Thunderbirds
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Si l’on prend le temps d’éplucher la programmation,
on constate la tendance du blues à se propager sur les scènes
du FIJM. Notamment avec le spectacle de Cindy Lauper au Métropolis.
La chanteuse est venue présenter son 11e album en studio, "Memphis
Blues" et sur lequel collaborent des bluesmen tels que BB King, Allen Toussaint,
Charlie Musselwhite et Johnny Lang. Faute de n’avoir pu assister
au spectacle de cette idole des années 80, je ne suis toutefois
pas passée à côté du programme double offert
par The Fabulous Thunderbirds et Taj Mahal. J’admets ma déception
devant le groupe d’Austin, due entre autres à l’absence du batteur,
remplacé la journée même à la dernière
minute et au son qui ne mettait pas en valeur les talents de ce bon groupe
blues/rock. Je fais toutefois une mention spéciale à
Kim Wilson, leader de la formation depuis trente ans, qui sait toujours
bien manier son harmonica et chanter avec ses tripes.
La partie de Taj Mahal fut toute autre.
Le son de la guitare du bluesman a ravi les nombreux spectateurs du Métropolis
émoustillés par le bon blues qu’il nous livrait. En
jouant un blues traditionnel, "I Know You Rider", Taj Mahal s’est exclamé
: « Tout le monde chante ! » et la foule a participé
sans hésitations. On en aurait bien écouté davantage
du spectacle de Taj Mahal. |
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Les pros du Camp de Blues
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Vincent Beaulne (Directeur artistique)
- Laurent Trudel
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Le pub Heineken, situé à l’angle
des rues Sainte-Catherine et Clark présentait également des
spectacles plus intimistes, entre autres avec Shane Murphy, Rick L. Blues
et Slim Wood, qui ont tous mérité des nominations lors du
dernier Gala Lys Blues. D’autres ont pu apprécier les talents
d’Harry Manx au théâtre Maisonneuve, celui de Bobby Bazini
au Club Soda ou encore assister gratuitement au show des pros du Camp de
Blues, ainsi que de leurs finissants.
Bref, la popularité du blues au FIJM
coule de source et c’est ce que nous confirment André Ménard
et Jacques-André Dupont : « Les Québécois
aiment le blues, allez savoir pourquoi ? Il y a dans cette musique
de l'âme et du coeur, cette musique qui n'invite pas au compromis,
un ingrédient inavouable qui semble faire mouche sur notre inconscient
collectif. Serait-ce que le blues ne se défausse pas devant
le message de vérité qu'il s'oblige à porter, du plus
intime au social ? Toujours est-il que notre territoire national
a vu se multiplier les événements consacrés à
cette musique à laquelle plusieurs adhèrent sans pour autant
connaître ceux qui la jouent. Pour preuve, de soir en soir
au Festival depuis des décennies, la popularité de la scène
consacrée au blues ne se dément pas. Les vétérans
du genre et les inconnus ici qui y sont programmés attirent les
foules. Ça tient du phénomène.»
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Bobby Bazini
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La scène blues Loto Québec
Coco Montoya
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Ana Popovic
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Jo Hell
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Jo Hell & The Red Roosters
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Plusieurs bons spectacles se sont déroulés
sur la scène Loto-Québec (vingt-deux formations différentes
inscrites à la programmation), proprement dus entre autres à
Blues Delight, Pat The White, Jimmy Bowskill, Coco Montoya ou la talentueuse
Hollandaise, Ana Popovic. Quant à moi, j’ai été
complètement séduite par le retour de Jo Hell & the Red
Roosters qui n’avait foulé les planches du festival depuis 2005.
Établi au Texas depuis quelques années, le trio composé
de Jo Hell à la voix et guitare, Steve Hupée à la
batterie et Kody Pruitt à la basse, a offert toute une performance
devant de nombreux festivaliers et parmi lesquels étaient visiblement
présents, famille, fans et amis. Le répertoire qui
comprenait reprises et compositions a permis aux spectateurs d’apprécier
le talent et la fougue de Jo Hell, toujours généreux envers
son public. Il faut dire que le Québécois de souche
était content d’être de retour, ce qu’il prit peine d’affirmer
lui-même. Un vent de nostalgie était inévitable,
me rappelant combien Jo Hell maîtrise son instrument, en plus de
sa présence scénique débridée et d’un look
à la Jimi Hendrix. |
Angel Forrest est aussi montée sur scène
avec ses musiciens pour présenter les pièces de son dernier
album, "Come Alive". À en juger la foule, celle-ci fut rapidement
conquise par les nouvelles compositions d’Angel qui, encore une fois, a
pris possession de la scène avec l’authenticité qu’on lui
connait. On ressentait de sa part un mélange de bonheur et
de fierté que de présenter au public québécois
son nouveau matériel dont les critiques, certes, se révèlent
élogieuses.
The Moody Blues à la Place des Arts
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Moody Blues
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Loin d’avoir tout vu et à défaut
d’avoir raté Steve Miller et The Doobie Brothers, mon plus grand
coup de coeur du festival s’arrête sur le spectacle de The Moody
Blues, présenté à la salle Wilfrid-Pelletier.
Non pas parce que la climatisation était dans le tapis et qu’elle
permettait ainsi un répit de la canicule, mais bien parce que le
spectacle était à la hauteur de tout ce que je pouvais espérer.
La preuve, les spectateurs se levaient systématiquement pour une
ovation après presque chaque chanson. J’ai d’ailleurs été
impressionnée par le public montréalais, franchement généreux.
Le groupe des années 60 a puisé dans son répertoire,
ses plus grands succès dont "I’m Just a Singer (In A Rock’n’roll
Band)", "Ride My See-Saw", "Tuesday Afternoon", "Peak Hour", "Nights in
White Satin" et bien d’autres. On défilait sur l’écran
géant des photos de la formation ou de vieux vidéoclips,
au rythme d’un éclairage psychédélique, digne des
années 60 et 70. |
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Le guitariste et principal chanteur, Justin Hayword,
le bassiste et aussi chanteur, John Lodge, ainsi que le batteur Graeme
Edge ont visité toutes les époques de leur carrière,
dans un spectacle de 90 minutes. Du haut de la soixantaine, les trois
membres originaux, qui avaient participé à la dernière
tournée britannique des Beatles, ont prouvé qu’ils étaient
encore capables. Quoiqu’accompagné par d’autres musiciens,
le batteur des Moodies s’explique : « C’est plus facile à
reproduire maintenant, on est moins seuls avec nos machines, la technologie
est mieux contrôlée. Et on a deux musiciens et deux
musiciennes pour faire ce qu’on ne peut pas faire nous-mêmes.»
On peut dire que les spectateurs de la salle Wilfrid-Pelletier
en ont eu pour leur argent et que l’on ne pouvait espérer une meilleure
façon de clôturer le festival. De plus, j’avais raison
de sourire lors de mon retour en métro, tandis que je suffoquais
dans un wagon d’une chaleur extrême, bondé de festivaliers.
J’étais encore sur un nuage par la faute des Moody Blues. |
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Justin Hayword - John Lodge
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Maison du Festival RioTintoAlcan
305 Sainte-Catherine Ouest
Montréal
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La nouvelle Médiathèque Jazz/La
Presse
Les amateurs de musique de tout genre y ont trouvé leur compte
lors de cette 31e édition, colorée et ensoleillée.
On voudrait tout voir et ne rien manquer, mais c’est impossible.
On peut tenter de se rassasier en allant sur le site MontrealJazzFest.TV,
où l’on diffuse plus de cent cinquante clips des concerts présentés
en 2010 ainsi que des entrevues d’artistes, des répétitions
devant les médias, des entrevues d’archives, des conférences
de presse, tous tirés de la nouvelle Médiathèque Jazz/La
Presse.
Le nouveau centre de documentation-cinémathèque fut inauguré
le 22 juin dernier et est accessible gratuitement au public. Un millier
de visiteurs y sont allés jusqu’à présent afin d’y
visionner des entrevues ou concerts ou encore pour feuilleter des livres. |
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Je vous invite à regarder les photos prises
par mon collègue Marcel Dubois ainsi que par les photographes attitrés
au FIJM. Le festival qui se terminait un mardi fit hommage à
la Nouvelle-Orléans en célébrant le Mardi gras, dans
le cadre d’un spectacle de clôture offert par Allen Toussaint et
ses musiciens. Celui-ci était précédé
d’une parade exceptionnelle mettant en vedette Zachary Richard, cinq cents
participants et des chars allégoriques venus tout droit de la Louisiane.
Jetez donc un coup d’oeil à ses clichés !
Bonne continuation de festivals !
Patricia Clavel
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