Harmonica Zeke, un nom estimé dans le
milieu du blues. Nous le côtoyons régulièrement sur
les grandes scènes blues en été. J'ai en tête
ses spectacles accompagnant Mike Goudreau entre autres et celui aussi du
festival d'harmonica de Carl Tremblay en 2003 où il avait fait craquer
l'auditoire en compagnie du guitariste Steve Hill et du claviériste
Michel Chasles.
Harmoniciste bien entendu et aussi un excellent guitariste. Une maîtrise du blues bien personnelle en parfaite harmonie avec les origines. Je vous invite à partager sa vision du blues, ses projets et bien d'autres sujets avec l'entrevue qui suit. Salut Zeke, parles-nous de tes origines et
comment l'histoire avec le blues a débuté pour toi?
Jusque là, à cause de mes origines ethniques, je vivais dans un p’tit monde "tricotté bien serré" et j'étais surtout familier avec le Folklore de l'Europe de l'Est. Je ne connaissais presque rien de la musique américaine. En tout cas, rien de la musique "roots" américaine. Eh non, j'avais huit ans à l'époque, et je n'avais pas encore vraiment de "racines" en Amérique. |
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Tout spontanément, j'ai traversé
la rue et demandé à mon voisin de remettre le disque. Il
a fait mieux que ça: il me l'a donné. Peu de temps après,
j'ai eu mon premier radio transistor avec lequel j'écoutais WBFO,
la meilleure station radio R&B de Buffalo (New York). C'est ainsi que
mes leçons d'accordéon hebdomadaires du samedi après-midi
ont graduellement subi une transformation majeure: avec tout le charme
et l'insistance d'un enfant de huit ans, j'ai convaincu mon prof de me
faire jouer du Boogie Woogie. Ah, les enfants!
Quant à ce qui m’a amené au Québec, il faut remonter à une vingtaine d’années plus tard. J’étais venu dans la ville de Québec avec mon groupe Captain Harmonica and the Marvels pour un séjour de 15 jours au Figaro, sur la rue St-Jean. C'est là que j'ai rencontré Bob Walsh, Guy Bélanger, les Kneale Brothers, etc. qui me parlent encore tous avec enthousiasme de mes performances de cette époque-là. Après avoir reconduit mon band à Toronto, je suis revenu sur mes pas pour rester. C'était en 1976. J’étais tombé en amour avec le Québec et le style de vie qu'on y vit. |
Parles-nous de tes bands jusqu’à aujourd’hui? J'peux pas tout te raconter. D’ailleurs, en passant, si tu veux d’autres détails, tu peux aller faire un tour sur ma page WEB. Enfin, mon tout premier instrument était et continue d'être l'harmonica. Quand j'étais petit, ma mère gardait un harmonica dans l’tiroir à ustensiles de la cuisine. J'avais à peine trois ans quand j'ai finalement découvert qu'en ouvrant le tiroir du bas, j'étais capable de m'étirer suffisamment pour mettre la main sur le petit instrument magique. Quand ma mère m'a pris la main dans l'sac, je m'attendais au pire!! Mais, après m'avoir grondé pour avoir grimper, elle m'a tout simplement pris sous son aile et initié à son passe-temps favori. Le reste appartient à l’histoire… comme en témoignent les trois photos noir et blanc que tu vois ci-dessous. Sur la première, je donne mon tout premier spectacle live dans un sous-sol d'église, en 1959. La deuxième remonte à 1984. On m'y voit en compagnie de Brownie McGhee, avec qui j'ai fait une tournée cette année-là. La troisième a été prise en 2000, au festival blues du Mont Tremblant. |
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![]() Buffalo 1959 |
![]() Lennoxville 1984 avec Brownie McGhee |
![]() Tremblant 2000 |
Qu’est-ce qui t’attire dans la musique blues?
Bon, bien des choses, mais comme ça, à brûle pourpoint, aujourd'hui: une passion pour la vie et pour la vérité. Le blues dépeint la réalité de tous les jours d'une manière qui est parfois fantaisiste, mais jamais frivole. Le blues, par la tradition dont il s’inspire, permet une approche des réalités sociales, politiques et personnelles qui est directe. La voix du blues est pure. Présentement, tu joues dans un resto
à St-Lambert?
La formule est simple: à chaque semaine, j'ai un invité spécial. Ce peut être quelqu'un de très connu au Québec, comme Jimmy James ou Rob Lutes, ou quelqu'un de plus strictement connu par les amateurs du genre, comme Gina Seram ou Daniel Livingston. Pour la musique, nous partageons « littéralement » la scène, c.-à-d. que j’accompagne mon invité quand il fait ses pièces, et celui-ci m’accompagne quand je fais les miennes. Ça demande de très grandes oreilles, parce que nous ne jouons pas souvent ensemble, mais ça donne souvent lieu à des moments absolument magiques. Des projets en vu?
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![]() www.progression.net/~omla1026/ |
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Comment vois-tu le blues d’aujourd’hui?
Je suis souvent déçu par ce que j’entends autour de moi. Je trouve que notre blues national est dominé par des guitaristes rock qui n’ont pas encore trouvé… Comment dire? … disons, ils n’ont pas trouvé.. ah, voilà : comment se masturber eux-mêmes. Alors, ils masturbent leurs guitares et nous cassent les oreilles à n’en plus finir. En termes plus jolis : Ce que j’entends autour de moi me donne souvent les blues. As-tu un conseil à donner aux jeunes
nouveaux?
Crois-tu que le blues peut mourir un jour?
Quand on parle du blues d’origine, quel est
l’artiste ou les artistes qui t’ont le plus influencé?
Tu as accompagné de nombreux artistes
jusqu'à maintenant?
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Dans le monde en général la pire
horreur pour toi, en espérant que ce ne soit pas Le Net Blues (haha)?
La violence, la faim, les préjugés,
etc.
Ton choix pour le meilleur album au monde a
avoir été fait jusqu’ici et pourquoi?
J’ai entendu de très bons albums, aussi
bien que de très mauvais. Aucun “meilleur album” ne me vient à
l’esprit. Désolé.
Si tu gagnais à la loto plusieurs millions
de dollars, qu’en ferais-tu?
J’essaierais d’acheter le Portugal. Merci,
Amigo, pour cette entrevue.
Je vous invites à aller visiter son site
web ou plusieurs MP3 et photos vous y attendent ainsi que les vidéos
disponibles sur cette page. Bonne écoute